Sans compter la boutique de souvenir, au rez-de-chaussée, nous ne sommes que
deux dans cet immeuble. Le duplex du second est occupé par un fringuant
sexagénaire au cheveux gris. Un homme très sympathique, prénommé Willem, qui
écoute du Mozart en sourdine. J'ai connu pire comme voisinage…
Yvonne nous a présenté l'un à l'autre dés mon arrivée. Pour tout bagage, je trainais une énorme valise qu’il a fallut monter dans l’escalier, étroit et raide, mais Willem a interpellé un passant. A mon grand étonnement, ce dernier est venu à la rescousse. Depuis, je croise mon nouveau voisin dans l'immeuble, ou Dans le quartier, et nous échangeons quelques mots sympathiques à chaque fois.
La surface de mon logement fait la moitié du sien mais il est très bien agencé et décoré d'une manière très sobre. Des murs blancs, quelques étagères, trois bibelots, un vase chinois. Rien de plus.
Une porte d'entrée donne directement sur le salon et la cuisine ouverte.
La chambre, séparée, donne sur le Prinsengracht.
En ce tout début d'année 2013, on annonce la neige mais c'est le gel qui
l'emporte. Au fil des jours, l'eau des canaux s'est figée et les amstellodamois
sortent les lames. Derrière cette frénésie soudaine, il y a sans doute une
histoire de flash météo autorisant l'accès aux spots de glace mais peu importe. L’agitation déplace son axe de quelques mètres et confirme les dires d’Yvonne.
Les bataves profitent de la moindre opportunité pour se distraire.
Pour certains néerlandais, le profit reprend vite la couleur de l'argent.
Le cliché a la peau dure mais les stands fleurissent à la mesure du nombre de patineurs sur la glace. On y vend du vin ou du chocolat chaud, comme de la soupe, puis la nuit tombe et les fêtards prennent le relais. Des jeunes gens, le sac à dos chargé d'appareil hi-fi et de laser, qui fédèrent toutes les générations.
Ils sont tous la.
A vélo, avec des poussettes ou je ne sais quoi encore sur le Prinsengracht pétrifié de froid.
Ils sont fous ces hollandais
Quand la glace fige les canaux d’Amsterdam.